« Déclic » N°15 : le Journal SNP-FO – Caisses d’Epargne

L’Édito

Le crépuscule des Caisses d’Épargne et de Prévoyance

En mettant un point final à ce numéro 15 de Déclic par la rédaction de son édito, notre pensée attendrie va vers l’homme, l’ami, le frère, le militant qui, en trente ans, a non seulement su implanter et imposer Force Ouvrière dans le monde clos des Caisses d’Épargne, mais l’a aussi marqué de sa plume, une plume à la fois d’un style agile et acéré dans l’expression des idées novatrices qu’il a toujours portées. Il s’agit de mon prédécesseur, Christian Vaccaro, Secrétaire Général du SNP-FO et directeur de la publication Déclic, décédé le 9 novembre dernier. Ses écrits ne reflétaient pas seulement sa grande culture, ils ouvraient de vraies perspectives en formulant, outre une analyse critique, des propositions de grande qualité. Ils étaient particulièrement recherchés, lus avec attention par tous, notamment par nos dirigeants. Je suis convaincu que Christian ne désavouerait pas cette nouvelle cuvée du Déclic alors que le Groupe entame une nouvelle phase de sa profonde métamorphose. La vie ne lui aura pas laissé le loisir de pouvoir mesurer les conséquences à long terme pour les Caisses d’Épargne, leurs salariés et leurs clients de la mise en oeuvre de projets patronaux de type « 2 en 1 » (Eulia, Natixis, Nexity), et de son corollaire la banalisation pure et simple d’une institution deux fois séculaire.

Pour notre part, nous nous serons beaucoup battus pour retarder cette échéance tellement redoutée qui semble aujourd’hui pourtant tellement là… Le dernier avatar n’est pas le moins préoccupant. L’injonction faite à la France par la Commission Européenne de mettre fin dès le 1er janvier 2008 au monopole de la distribution du Livret A sonne-t’il le glas des Caisses d’Épargne telles que, comme Christian, nous les avons connues et tant aimées ? C’est indéniable, d’autant plus que tout aura méticuleusement été fait par le premier d’entre nous, Charles milhaud, pour pouvoir parvenir à cette situation. Ce propos sans illusion ne se veut pourtant pas acrimonieux, mais lucide car il va bien falloir que le Personnel du Groupe des Caisses d’Épargne puisse faire face à cette situation inédite. Désormais, une période différente est en train de s’ouvrir avec son lot d’incertitudes et de menaces à peine voilées pour les salariés. C’est pourquoi nous ne devons surtout pas nous résigner à l’isolement, à l’individualisation. Chaque trajectoire individuelle dépendra également de notre capacité collective à nous organiser dans le cadre du syndicat afin de résister aux sirènes du libéralisme qui s’expriment désormais sans complexe et sans aucune retenue. Sois tranquille Christian, nous prolongeons ce que tu as entrepris pour que vive et que progresse FO au sein des Caisses d’Épargne ! C’est tout le bien que nous pouvons souhaiter aux salariés du Groupe.